L’orage

(la pluie et le beau temps)

Le ciel devient un lourd nuage ;
Annonce-t-il une tempête
Où le vent ferait un carnage
En tourbillonnant chaque tête ?
Aurait-on peur de cet orage
Où le tremblement fait conquête ?

Le soleil poursuit à grands pas
Les ombres noires sur le sol,
Il veut écarter le fracas
Qui méchamment pousse l’envol
De toute la vie au trépas ;
L’oiseau finit son dernier vol.

L’averse en aiguilles de verre
Abreuve la forêt, la plaine ;
Elle impose au son du tonnerre
Un ruissellement de la haine ;
Une ondée ocre meurt, s’enterre,
Elle offre une odeur tiède et saine.

L’éclaircie apparaît un peu,
La feuille brille du cadeau,
Le merle ayant vécu le jeu,
Siffle le scintillant tableau ;
Le maître est le soleil de feu
Qui vénère le renouveau.

30 avril 1974