Marchons !

(la chaussure et le pied)

Toi, je te prends au pied levé.
Il me fallut faire du bruit
Pour te sortir de ce passé
Rêvé dix heures dans un lit.
Tu te débrouilles comme un pied,
Tu prends douze heures pour minuit.

Tu n’es qu’une simple chaussure
Oubliant vite quelque chose…
Immobile en ta devanture
Il fut sûr que ta vie en rose
Eût été grâce à ma pointure.
Accepte que je me repose !

Tu restes bien dans le besoin
De ta chaussure te traînant.
Je protège et te mène loin
Par tous les chemins ; cependant
Tu ne prends pas souvent le soin
Que tu devrais en me cirant.

Je t’invitais en promenade,
Espérais te voir amoureuse
Et tu râles avant la balade ?
C’est une épreuve douloureuse !
Ainsi donc je te laisse en rade
En cette armoire poussiéreuse.

21 novembre 1975