La rue

( la voiture et le piéton )

Dans son royaume, la voiture
Est pour posséder une immense,
Empoisonnante dictature
A notre époque d’affluence.
Elle impose à chaque chaussure
Une pose pour qu’elle avance.

Le piéton, mené par le flot
D’une multitude en talons,
Ne voulant pas être badaud,
Saura bien suivre avec raisons
Celui de devant dont le trot
Prouve qu’il sait où nous allons.

Juste un instant à la vitrine
Où l’on peut voir l’automobile …
Eblouissante, elle fascine
Un regard de piéton fragile,
Elle envoûte sa triste mine
Au point de le rendre immobile.

Il bousculait sur le trottoir…
Soudain se trouve en s’arrêtant
Bousculé par ceux voulant voir
Ce que les autres voient devant…
Le piéton pressé dans l’espoir
Bientôt de n’être plus passant !

5 novembre 1974