Le mur

( la pierre et le lierre )

Sortant massivement de terre,
Inerte, doux comme la mousse,
Un mur vaniteux de sa pierre
Objecte que sur elle pousse
Accroché, sans gêne, le lierre
Encombrant, à la teinte rousse.

Le lierre soudain se débat
Contre ce sombre jugement
Car c’est lui qui fait tout l’éclat,
La douceur de l’habillement.
Que deviendrait un magistrat
En enlevant son vêtement ?

La pierre ordonne de se taire !
Une plante dans ce domaine
Est une simple locataire
Il lui faut se tenir sereine.
Il s’agit d’un petit calvaire
Où l’on devra finir sa peine.

Le lierre ne veut pas mourir,
Il s’enlaçait nonchalamment,
Il ne lui reste qu’à s’enfuir !
La pierre, seule maintenant,
Pleure dans un profond soupir
La honte de son dénuement.

31 octobre 1976