Flottille

(la voile et le bateau)

Mon cher mari, tel que je l’aime,
A la majesté d’un monarque.
Oserais-je pleurer quand même
En quels voyages il m’embarque
En usant de mon stratagème ?
Il dit savoir mener sa barque.

Vous êtes soumise pourtant
Aux bons désirs de votre époux.
Claquez au vent ! Si cependant
Ce vaurien se met en courroux
Je le maudis comme un amant
En le rossant à mes genoux.

Mais il me gonfle d’allégresse
Avec son souffle de tangage !
Il me fait danser, me caresse
Et chuchote un secret langage
Où vous ne voyez que détresse,
Encaissant des gifles de rage.

Ma jalousie a souvent tort…
Si je vous ai fixée au mat
C’est que de vous dépend mon sort.
Ce vent n’est pas un scélérat ;
Rentrons avec lui jusqu’au port !
Sur moi vous dormirez…à plat.

8 décembre 1989