A table

( la fourchette et le couteau )

Monsieur le verre-président,
Voyez à droite ce couteau
Dont le nom seul absolument
Fait vibrer la carafe d’eau ;
Contre lui je garde une dent,
Les trois autres sont pour l’agneau.

Vous oubliez, chère fourchette,
Un ami qui vous porte une aide
En acceptant bien que j’y mette
Une force coupante et raide ;
En vous entendant, la dînette
Aurait à rire que l’on plaide.

Le coup de fourchette est celui
Désignant tout le naturel
Classique du bon appétit.
Le coup de couteau, ce cruel,
Cet abominable bandit
Est un démon surnaturel.

Nous nous entendons bien, ma chère,
Allez-vous nier cette image
Où ma lame douce et légère
A su découper, restant sage,
Un domaine de bonne chère ?
Oh ! Le café…Tournons la page…

9 novembre 1975